Un psychologue méditant explore ces deux mondes de l'esprit

A l’heure où la méditation touche le grand public et n’est plus réservée à une élite engagée sur une voie spirituelle orientale mais s’inscrit dans le champ de la santé mentale, la nouvelle génération de psychologues se trouve à la croisée des mondes. La pratique de la simple présence rencontre le soin psychique. La méditation alliée à la psychologie ouvrirait-elle un nouvel espace thérapeutique, une nouvelle entente de l’être humain plus profonde, plus juste, plus directe ?
Ce blog en est la recherche vivante.

D'où vient ce blog ?

Depuis 2009 déjà, ce blog est dédié à penser les liens entre la Psychologie et la Méditation. Clinicien, méditant, il m'avait semblé nécessaire de creuser les similitudes et les différences entre ces pratiques à une époque où cela était encore peu connu en France. Avant d'aborder la question de mon métier de psychologue et psychothérapeute, quel est mon parcours dans la méditation ?


Un long chemin.  
J'ai été impliqué dans le bouddhisme et la méditation dès l'âge de 17 ans. A cette époque lycéen je lisais et relisais l'oeuvre de Chögyam Trungpa, avec l'impression de comprendre enfin ce qu'un adulte pouvait raconter sur la vie. A 18 ans, devant son injonction constante d'apprendre la méditation pour intégrer ses enseignements, devant la nécessité aussi de m'ancrer et m'ouvrir à la réalité, je commence la pratique du Zen. Le zazen, l'assise dans l'attention précise et ouverte, devient rapidement un mode de vie. En 2002 je rencontre Fabrice Midal suite à la lecture de sa biographie de Trungpa, à ma demande il devient mon enseignant de méditation. Je m'engage dans la communauté Shambhala où je reste quatre ans, en suivant en particulier les enseignements de la Voie sacrée du guerrier. 


Je quitte cette communauté en 2006 pour aider F. Midal à fonder une association qui s'appelait alors Prajna et Philia, dont j'étais le premier président. Nous proposons des soirées de méditations, des stages, des formations etc. Puis notre groupe grandit et change de nom pour devenir l'école occidentale de méditation. Les livres et le travail médiatique de Midal prennent de l'ampleur, la méditation sort de l'ombre et rencontre un succès grandissant auprès du grand public. Je dirige une rubrique dans ce qui était alors la seule revue bouddhiste en France, Bouddhisme Actualités, pendant trois ans, à raison d'un article par mois. Cela me permet de nombreuses réflexions, des rencontres et des entretiens enrichissants, d'affiner ma compréhension de la méditation. 

En 2010 je fonde un collectif de psychologues méditants et en novembre nous organisons "Au-delà du Moi, la liberté?". Il s'agit du premier colloque universitaire français qui se proposait d'ouvrir le dialogue entre la Méditation et la Psychologie, en particulier la psychanalyse qui était encore alors le modèle dominant. A la suite de cette exposition publique je me trouve invité à présenter ce thème dans l'émission religieuse du dimanche sur France 2, Voix bouddhistes, en juillet 2011. Je poursuis ma pratique au sein de l'école de Fabrice Midal, jusqu'à l'assister entre autres dans l'écriture de son livre "Frappe le ciel écoute le bruit" paru en 2014, et qui a vu le début d'un succès éditorial désormais acquis. 

A la suite d'un désaccord personnel, je m'éloigne de son école et de l'esprit de fermeture qui caractérise toute institution, même animée des meilleures intentions au départ. En janvier 2015 je reprends donc ma liberté, avec le vertige que cela suppose après plus de douze années d'étude et de pratique du bouddhisme auprès de la même personne. Cela a été un long chemin, très intense, où j'ai beaucoup appris sur les plans humains, philosophiques, spirituels. Mais un beau jour, il faut se passer d'aller à l'école et partir seul à la découverte du monde ouvert par la méditation.


Un questionnement de fond.
Depuis lors, mes posts sont beaucoup moins fréquents il est vrai, car j'ai eu besoin de prendre un véritable recul sur un monde en pleine mutation, à grande vitesse. J'ai même supprimé un certains nombres d'articles qui me paraissaient trop partiaux, voire publicitaires, et qui ne sont plus en accord avec mon éthique en lien à la méditation. Celle-ci est un pur cadeau. Elle propose l'expérience de la liberté, de la dignité humaine et de la reconnaissance de sa singularité comme quelque chose de profondément bon. Dès lors il est antinomique d'en passer par la fascination et la soumission au maître, l'appartenance au groupe, le jargon d'initiés et la loi du silence, ou l'abdication du désir personnel pour y parvenir. Les récents scandales qui ont éclaboussé certains maîtres bouddhistes les plus en vue, montrent les limites du chemin spirituel dès lors que les abus de pouvoir sont facilités par un système hiérarchique non remis en question. Or questionner pour de vrai est fondamental, surtout dans un domaine comme la pratique spirituelle. 
Comme l'a signalé le Bouddha dès les premiers pas des communautés bouddhistes, "Soyez à vous-même votre propre refuge, votre propre lampe pour éclairer l'obscurité." Me semblent fondamentales l'intelligence, la curiosité et la liberté de pensée, la pluralité des regards, l'aspect éminemment personnel d'un chemin qui engage l'existence tout entière. Aujourd'hui le discours public sur la méditation a pris une telle ampleur que le côté novateur de ma démarche de création d'une psychothérapie intégrative, où la méditation aurait sa place, fait beaucoup moins figure de révolution que d'évidence. En 10 ans les moeurs ont changé, et de nombreux psychologues jeunes ou moins jeunes, se forment aux techniques méditatives dans le domaine du soin, ou sont impliqués dans une voie spirituelle méditative. Sous sa forme de pleine conscience ou mindfulness, la méditation est pratiquée dans les hôpitaux, les écoles, les entreprises. 

Avec cette avancée de la reconnaissance se posent des questions qui n'existaient pas il y a 10 ans. La méditation n'est-elle qu'un outil de soin parmi d'autres dans l'arsenal thérapeutique occidental ? Ou n'est-elle pas plutôt une véritable voie qui demande à être pratiquée pour elle-même, en dehors de toute volonté d'utilisation ? La méditation est-elle soluble dans le libéralisme, la marchandisation du sens de la vie et l'industrie du bien-être ? Ou n'est-elle pas la possibilité même de tenir en échec cette vision de l'amélioration de l'ego et de la bonne reprise des affaires mondaines ? Aujourd'hui un marché juteux se développe autour de la méditation. Des gourous, des thérapeutes, des coachs de vie, des techniciens, des philosophes, des influenceurs de tous bords s'en saisissent. Ce vocable en vient à recouvrir une pluralité de sens qui se chevauchent.


De nouvelles voies. Par exemple les "états modifiés de conscience" que sont la transe, l'hypnose et la méditation sont maintenant approchés dans leur ensemble. C'est un fait nouveau, intéressant, qui mérite réflexion. Depuis 2015 je me forme à l'hypnose ericksonienne, d'abord avec François Roustang puis dans plusieurs instituts, et surtout avec des individus, hommes et femmes, qui sont habité.es par cette pratique. J'apprends également les techniques de transe chamanique, dans le cadre d'une formation de type core shamanism suivant Michael Harner et par mes contacts avec la tradition Sioux Lakota dite de la Voie Rouge. 

Je suis donc de plus en plus à même de distinguer ce qui est de l'ordre de la méditation, ou d'autres états de transe, d'absorption, de focalisation, d'ouverture de l'attention, de présence, d'implication corporelle, d'intuition, de visions etc. Désormais ce blog se fera aussi l'écho de ces recherches plus récentes, qui ouvre le propos au-delà de son seul objet de départ : "psychologie et méditation". Cela devient plutôt de l'ordre des "thérapies et états de présence". Car la psychologie ne cesse de se transformer et de découvrir les pratiques de guérison non-occidentales modernes, qui l'ouvre à une autre dimension. L'être humain, peu à peu, change de définition. A ceux qui ne verraient que la catastrophe de notre époque, j'aimerais proposer des pistes de réflexion qui vont résolument du côté de notre chance à vivre les bouleversements majeurs du XXIe siècle. La psychothérapie ne cesse d'en bénéficier, et nos patients avec.

Pour toute question, vous pouvez me contacter à l’adresse mail suivante : nicolas.dinca@yahoo.fr
Vous pouvez également vous informer sur mon site www.nicolas-dinca.com/
A très bientôt,

Nicolas D'Inca